mardi 18 décembre 2012

L'iconomie et le système éducatif

Intervention de Vincent Peillon, lors de la présentation de la stratégie pour le numérique à l'École, le jeudi 13 décembre 2012 à la Gaîté lyrique (toute l'information sur www.education.gouv.fr/EcoleNumerique).


La stratégie que Peillon présente me semble exemplaire : claire, volontaire, bien orientée. Il faudrait avoir l'équivalent pour chacun des grands systèmes de la nation, notamment le système de santé et le système judiciaire.

Le succès dépendra bien sûr de la façon dont cette stratégie sera appliquée : tout l'art réside dans l'exécution.

vendredi 14 décembre 2012

De l'économie à l'iconomie : opportunités et défis de la transition

(Intervention au 28e rendez-vous de la mondialisation organisé par le Centre d'analyse stratégique le 12 décembre 2012).


Nota Bene : Cette intervention a été résumée dans « L'iconomie, une autre façon de produire », Les Échos, 13 décembre 2012.

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L'importance de l'informatisation est controversée. Nathalie Kosciusko-Morizet m'a dit un jour1 qu'« informatisation », c'était « ringard » ! Elle estime peut-être que le « numérique », que l'on confine si souvent dans le médiatique et le culturel, c'est « super »...

Elle n'est pas la seule. Des économistes comme Robert Gordon2, l'élève de Robert Solow, et l'écrivain Nicholas Carr3 s'évertuent à démontrer que l’informatique et l'Internet n'ont plus rien à apporter depuis que la bulle des années 90 s'est dégonflée. Jeremy Rifkin4 estime que s'il y a une troisième révolution industrielle, c'est celle de la transition énergétique. Jean-Marc Jancovici5 dit que la pénurie prochaine d'énergie fossile rend une décroissance inévitable, et qu'elle sera d'ailleurs nécessaire pour limiter le réchauffement climatique : il refuse de considérer l'informatisation alors même qu'elle est une des clés des économies d'énergie.

Pour que l'on puisse parler de « révolution industrielle » il ne suffit pourtant pas d'évoquer un secteur particulier comme les énergies vertes ou la biotechnologie, et moins encore la décroissance : il faut que la fonction de production de tous les secteurs soit transformée. C'est bien ce qui s'est produit avec la mécanisation au XIXe siècle puis la maîtrise de l'énergie au XXe.

Or c'est exactement ce que provoque l'informatisation : on le voit bien si l'on observe ce qui se passe dans les entreprises. L'informatisation bouleverse depuis 1975 le système productif en faisant émerger une « iconomie » qui, s'appuyant sur les rendements d'échelle croissants qui se diffusent à partir de la microélectronique, du logiciel et de l'Internet, transforme la nature des produits, la façon de produire et de commercialiser, les compétences, les organisations, la structure du marché, la forme de la concurrence et jusqu'aux préférences des consommateurs.

dimanche 9 décembre 2012

Jérôme Cazes, 555, jeudi rouge, Editions du Parc, 2011

Jérôme Cazes est un banquier qui a quitté la banque : il la connaît, il l'a jugée.

555 vous fera pénétrer la psychologie des financiers. Leurs valeurs se résument en deux expressions : « produire de l'argent » et « pas vu, pas pris ».

Certains, parmi les économistes, pensent que le seul but de l'entrepreneur est de faire du profit : il n'y aurait donc rien à redire aux valeurs de la finance.

Mais l'argent n'est pas un produit : c'est un moyen. Le profit permet à l'entrepreneur véritable d'investir pour concevoir de meilleurs produits et améliorer l'efficacité de la production.

Pour « produire de l'argent », par contre, la méthode la plus facile consiste non à produire efficacement des choses utiles - cela demanderait un effort pénible et coûteux - mais à s'emparer d'un patrimoine mal protégé pour le revendre après l'avoir éventuellement découpé en petits morceaux. On peut aussi installer un péage et prélever une part d'un flux de revenu. L'une comme l'autre de ces méthodes relèvent de la prédation.

samedi 8 décembre 2012

L'emploi face aux robots


Le mot « iconomie » désigne, rappelons-le, une économie et une société parvenues à la maturité en regard des possibilités qu'apporte l'informatisation comme des dangers qui les accompagnent.

Dans l'iconomie les tâches répétitives sont automatisées, qu'elles soient physiques ou mentales. La marche vers l'iconomie s'accompagne donc de l'automatisation. Faut-il pour défendre l'emploi taxer les robots, comme cela a été proposé dans un forum sur l'Internet ?

La production, en France, est moins automatisée qu'en Allemagne ou en Italie : taxer les robots ne ferait qu'aggraver ce retard. La mission de l'entreprise est d'ailleurs de produire efficacement des choses utiles et non de gérer une garderie de salariés. Il ne convient pas pour maintenir l'emploi de la contraindre à utiliser des techniques obsolètes : il faut plutôt multiplier le nombre des entreprises efficaces.