vendredi 10 décembre 2010

François Rachline, La loi intérieure, Hermann, 2010

François Rachline, qui est athée, nous invite à accompagner sa méditation sur la Bible hébraïque.

La clé de sa pensée se trouve, me semble-t-il, à la p. 69 : « Est-il possible d'atteindre ce noyau insécable, cette source mystérieuse qui siège en nous, qui nous échappe dès que nous croyons l'appréhender, qui recule à mesure que l'on s'avance vers elle, qui ne loge en aucun lieu précis et que cependant l'être humain ressent intimement, qui est partout en lui et nulle part à la fois ? »

Sa méditation illustre cette orientation qu'il s'agisse d'Ève, de Moïse, des dix commandements ou du tétragramme YHWH par lequel Israël désigne le Dieu qu'il a légué aux chrétiens et aux musulmans.

Ce Dieu, disent ces trois religions, réside au delà de l'horizon illimité de notre connaissance mais aussi au plus profond de l'intimité de notre personne.

C'est donc le « Dieu sensible au cœur » de Pascal que Rachline, l'athée, découvre en lui-même lorsqu'il s'efforce d'élucider ce qui lui est le plus personnel : ce qu'il met alors au jour, étant universel, nous intéresse tous.

En effet les limites pratiques de chaque destin individuel (limites de temps et de lieu, limites de l'expérience et du savoir) contredisent les potentialités illimitées de l'être humain. Cette contradiction peut être douloureuse, mais celui qui l'assume consciemment au lieu de se révolter peut équilibrer la tendance individuelle spontanée à l'égoïsme, la lâcheté et la cruauté.

Pour savoir si Rachline est vraiment athée, il faut clarifier ce qu'est la religion. Est-elle une croyance ou une foi, c'est-à-dire une fidélité (fides) ? Se pratique-t-elle dans les temples selon un rite épisodique, ou dans le cœur et en permanence ? Est-elle le culte d'une providence dont on espère des bienfaits, ou l'acceptation du destin humain - et donc des limites qu'il comporte comme de la mort qui le clot ? S'appuie-t-elle sur la possession de la vérité des dogmes, ou sur une orientation vers une vérité que l'on ne peut pas posséder ? Est-elle même, oserai-je dire, la quête du salut individuel ou la fidélité à une parole ?

*     *

La personne qui a conquis une humanité qu'elle partage avec chacun des êtres humains est tout à la fois respectueuse envers les autres, qu'elle écoute attentivement, et ferme dans sa démarche.

J'ai connu de ces personnes qui, comme Rachline, sont dotées d'une solide colonne vertébrale tout en étant douces au contact. Comme elles agissent par le rayonnement et non par la force, ceux qui sacrifient à l'ambition médiocre de la carrière et du pouvoir se ridiculisent souvent en croyant pouvoir mépriser ces sages...

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