vendredi 31 juillet 2009

Clarisse Herrenschmidt, Les trois écritures : langue, nombre, code, Gallimard, 2007

Ce livre décrit la naissance de l'écriture au moyen-orient voici cinq millénaires, puis celle plus récente de la numération (ici rattachée à la création de la monnaie), enfin celle proche de nous du codage informatique. Chacune de ces innovations est présentée sur sa toile de fond symbolique - c'est-à-dire métaphysique, religieuse et liturgique bien avant d'être politique ou économique.

La lecture de ce livre n'est pas facile. Mais il possède une qualité rare qui fait de lui une exception : il se situe exactement au bon niveau de profondeur, à celui qui permettra au lecteur sérieux de méditer les phénomènes qu'il évoque et notamment, pour ce qui concerne la période actuelle, de prendre conscience de ce qu'implique l'informatisation.
J'ai beaucoup aimé les passages consacrés aux implications anthropologiques du mode d'écriture (idéographique, consonantique etc.), à l'articulation des divers rôles conférés à l'écriture (liturgie, gestion, commerce etc.), aux relations enfin entre le mode d'écriture et le mode de pensée, ce dernier déterminant le rapport avec les choses et avec les Dieux.

mercredi 22 juillet 2009

Les derniers des Iroquois

Une société, une culture, se mirent dans leurs « vedettes ». Les mages prétendaient autrefois lire le futur dans les étoiles : nous pouvons lire notre présent dans nos stars

Michael Jackson, avec la face de squelette qu’il s’était sculptée, nous tend ainsi un miroir. Qui sommes-nous donc, nous qui avons choisi d’adorer cette « idole » ? Que nous révèle ce culte sur nous-mêmes ?

Un journaliste américain l’a, me semble-t-il, clairement décrit (Bob Herbert, « Behind the Facade », The New York Times, 3 juillet 2009). Je traduis librement ici des passages de son article :


« Michael Jackson s'efforçait, de tout son être, à sortir de la réalité et à la laisser derrière lui. Sa vie est un exemple de l’extrême immaturité et de l’irresponsabilité grotesque qui ont émergé dans les années 80 aux Etats-Unis : 

« Ronald Reagan faisait, sur les impôts et les déficits, des promesses qu’il ne pouvait pas tenir et confiait à un astrologue de la côte ouest le soin de définir son agenda. Le film Wall Street allait refléter la complaisance de la nation envers l’avidité sans limite des riches et des puissants. Dans les quartiers noirs le crack avait des effets dévastateurs, les jeunes criminels se dotaient d’armes de plus en plus puissantes et la mode suivait le style des prisons. Le hip-hop allait apparaître, suivi par la violence et la misogynie du rap. 

samedi 18 juillet 2009

Le Parador, chapitre 19 : Pizzicati

Pour lire Le Parador en format .pdf, cliquer sur Le Parador.

Résumé des chapitres précédents :

Hande est une grande entreprise qui vient de frôler la faillite. Le nouveau président, Jean Bonhomme, a demandé à Marc Dutertre de l'aider à en faire une "entreprise-réseau". La DSI est en crise, les utilisateurs du SI ne sont pas satisfaits.

Dutertre prépare avec la directrice de la communication un tableau de bord mensuel pour le comité de direction. Un soir, il découvre grâce à elle les plaisirs de la sensualité ; par la suite elle refuse de le revoir et ça le déconcerte.

Le directeur financier lui demande d'expertiser les salles de marché du groupe. Un collaborateur découvre qu'il était possible de faire gagner des milliards à Hande en rectifiant une erreur.
Dutertre envoie à Bonhomme une note "stratégique" et se réconcilie avec la dircom'. Dutertre approfondit sa compréhension de l'entreprise et de son propre rôle de consultant. Mais il apprend que le directeur financier veut "avoir sa peau"...

... et il doit se défendre, Hande préfère finalement ne pas corriger son erreur mais il sauve sa peau. La réflexion sur la stratégie en matière de SI se poursuit en s'approfondissant.

Un de ses collaborateurs est tué dans un accident de voiture. Certains se demandent s'il n'y a pas eu un complot, mais il s'avère que cet accident était dû au hasard.

Dutertre envoie à Bonhomme une note qui l'alerte sur les risques que prend Costar, le grand projet informatique de Hande. Mais malgré la catastrophe prévisible il n'est pas écouté.

* *

En cliquant sur Le Parador vous téléchargerez une version à jour, comprenant tous les chapitres publiés jusqu'ici ainsi que le chapitre 19, qui est nouveau.

Il m'a semblé en effet préférable de publier Le Parador au format pdf seulement et de ne plus le publier en HTML : il m'arrive en effet de corriger les chapitres précédents et il est pénible de maintenir la cohérence entre les deux versions.

Je vous souhaite une bonne lecture !

mercredi 15 juillet 2009

Daniel Cordier, Alias Caracalla, Gallimard, 2009

C'est le journal (rétrospectif) d'un soldat de la France libre. Daniel Cordier a été l'un des premiers qui aient rejoint De Gaulle en Angleterre ; il a été parachuté en France et a servi de secrétaire à Jean Moulin.

Le livre entrelace plusieurs histoires : celle d'un garçon d'extrême droite dont les opinions changeront du tout au tout ; celle d'une formation militaire intensive ; celle du conflit institutionnel entre la France libre, autour de De Gaulle, et les chefs de la Résistance ; celle, enfin, de deux personnages qui ont servi de père de substitution à ce jeune homme et qu'il admirera profondément : De Gaulle et surtout Jean Moulin.

* *

L'éducation de Daniel Cordier lui avait inculqué la haine de la République et de la démocratie, l'antisémitisme et l'admiration pour Maurras. Ces opinions, prises telles quelles dans son milieu et adoptées, seront bousculées par l'expérience de la guerre et de la vie.

La défaite et l'armistice révoltent ce jeune nationaliste. Au grand scandale des gens de son milieu, il estime que Pétain est un "vieux con" et il s'éloigne de Maurras lorsque celui-ci se rallie au Maréchal. Puis, alors qu'il avait détesté les juifs sans les connaître, il estimera ceux qu'il rencontre ; enfin, dans le sillage de l'esprit républicain de De Gaulle, il finira par voir dans le monarchisme une illusion.

mardi 14 juillet 2009

Notre République

La révolution française a blessé notre histoire : elle a massacré une partie de l'élite de la nation, détruit une partie de son patrimoine architectural et l'essentiel de ses archives. Elle a ainsi coupé nos racines, déstabilisé nos valeurs et introduit dans notre culture une duplicité, une complexité qui traverse chaque Français : nous sommes tous nostalgiques de la distinction aristocratique et en même temps soucieux d'égalité ; nous sommes à la fois conservateurs et anarchistes...

Mais la Révolution a aussi construit notre République : ainsi elle a créé le ressort d'une nouvelle histoire en nous offrant la synthèse étonnante de l'ancien et du nouveau, de la distinction aristocratique et de l'égalité.

Cette synthèse est à la fois simple et subtile : c'est pourquoi elle est souvent mal comprise, déformée, détournée et finalement détestée. Si tant de personnes dans le monde aiment la France, c'est parce qu'elles ont compris ou du moins senti cette synthèse. Si tant de personnes détestent et méprisent la France, c'est parce que cette synthèse contrarie leur vision du monde et leurs valeurs. En France même, nombreux sont ceux qui rejettent notre République et qui sont d'accord avec ceux des étrangers qui détestent la France...

vendredi 3 juillet 2009

Une vidéo

Ma conférence du 22 avril 2009 aux "e-changes" de Xerfi est en ligne, avec une introduction par Laurent Faibis :


Nota Bene : Pour mémoire, deux autres vidéos :

"Savoir vivre avec le système d'information", Intervention d'ouverture des JRES 2007 - Strasbourg, 20 novembre 2007,

"Entrepôts de données, outils d’aide à la décision" : intervention à la Troisième École d'été méditerranéenne d'information en Santé - Corte, 21 juillet 2005.