lundi 18 mai 2009

William D. Cohan, House of cards, Doubleday, 2009

Dans The Last Tycoons, Cohan avait décrit l'histoire de la banque Lazard. Ici il décrit celle de Bear Stearns.

On lit sur la jaquette du livre "Cohan's explanation of seemingly arcane subjects like credit default swaps and fixed-income securities is masterful and crystal-clear". Pourtant je n'ai pas trouvé de telles explications dans ce livre. Il faut les chercher ailleurs.

Alors que The Last Tycoons donnait un peu de place à la description des opérations de fusion-acquisition, House of Cards est exclusivement consacré à des phénomènes psychologiques - qu'il s'agisse du caractère des personnes, de leurs relations, ou des avatars de la crédibilité d'une entreprise - Bear Stearns en l'occurrence.

Ce n'est pas inintéressant, mais on aimerait en savoir plus. Si, par exemple, les traders utilisent des modèles mathématiques sophistiqués, en quoi ces modèles consistent-ils ? Quelle influence ont-ils sur la façon dont ces traders perçoivent leur métier, se représentent les opportunités ?

mercredi 13 mai 2009

Critique de la raison statistique

Il ne s'agit pas ici de "critiquer la statistique", de la dénigrer - c'est ce que font des ignorants avec une obstination écoeurante - mais de délimiter sa portée légitime et son apport exact.

Le but de la statistique est qualitatif

Que retenons-nous après avoir consulté des statistiques ? Qu'en reste-t-il dans notre mémoire, qu'avons-nous appris ?
- des ordres de grandeur ("la population de la France (métropolitaine) est d'environ 62 millions de personnes"),
- des comparaisons ("l'Allemagne est plus peuplée que la France"),
- des évolutions ("la distribution des revenus est devenue plus inégalitaire depuis vingt ans"),
- des impressions ("l'inflation est faible en ce moment").

La statistique nous alimente ainsi en idées, en impressions qualitatives. Quand elles sont quantitatives ("la France est peuplée d'environ 62 millions de personnes") ces idées se satisfont d'un ordre de grandeur qui, même s'il mentionne une quantité, procure une impression qualitative. Les nombres informent d'ailleurs moins par eux-mêmes que par comparaison dans le temps ou dans l'espace : les "62 millions" de la France d'aujourd'hui ne prennent un sens que si on les compare aux "45 millions" de 1960 ou aux "82 millions" de l'Allemagne.

mardi 12 mai 2009

Vers un retour à l'informatique

Une hirondelle annonce-t-elle le printemps ?

Un article du Monde [1] décrit une entreprise qui, me semble-t-il, gère comme il le faut son système d'information : "Petra Friedmann, directrice d'Odopo, numéro deux du voyage en ligne en France, a choisi de gérer directement la relation client et l'informatique".

Les activités qu'un stratège "gère directement" sont celles qu'il considère comme stratégiques. Dans d'autres entreprises les activités stratégiques sont la finance et la communication ; dans celle-ci, c'est la relation client et l'informatique.

Enfin un dirigeant qui pose les pieds par terre, qui se préoccupe de la solidité de son entreprise ! Mme Friedmann décrit ainsi le rôle de son système d'information :

vendredi 8 mai 2009

France Telecom, suite et fin

France Télécom est sauvée ! C'est du moins ce qu'on lit dans Le Monde de ce jour [1]. Mais il faut décoder cet article comme s'il venait de la Pravda : sous les fleurs se cachent les épines, toutes ces phrases complimenteuses se retournent comme un gant.

Didier Lombard, PDG de France Télécom a donc un successeur pressenti : Stéphane Richard, énarque, inspecteur des Finances (donc très intelligent), admirateur de Jean-Marie Messier, directeur de cabinet de notre remarquable ministre des Finances, Mme Lagarde. Il est parfait, ce garçon !

Didier Lombard est parfait lui aussi. Il estime qu'il faut diriger France Télécom "comme une start-up" et son bilan est flatteur : l'opérateur résiste bien à la concurrence. S'il a essuyé récemment quelques revers stratégiques, c'est peu en regard de ce bilan. Le côté "entrepreneur" de Stéphane Richard l'a séduit.

vendredi 1 mai 2009

William D. Cohan, The Last Tycoons, Anchor, 2008

Ce gros livre (742 pages bien denses) raconte l'histoire de la banque Lazard.
Cette banque s'est spécialisée dans le conseil en fusions et acquisitions. Elle a aussi quelques autres activités (gestion de fonds, immobilier etc.) : mais son image reste accolée à sa spécialité principale.

Lorsqu'une entreprise veut croître elle a deux solutions : la croissance interne, ou la croissance externe par achat d'une autre entreprise ou fusion avec elle.
La deuxième solution semble souvent plus facile, plus rapide pour obtenir la "taille critique" jugée nécessaire à la survie, pour accroître la part de marché, réaliser des économies d'échelle etc.

Les moyens utilisés varient. Les deux entreprises peuvent négocier et s'entendre sur les conditions de l'achat, mais souvent la cible résiste. L'acheteur peut alors tenter de rassembler la majorité des actions en faisant au besoin une offre publique d'achat (OPA). Pour obtenir les moyens financiers nécessaires il peut faire un LBO (leveraged buyout), emprunt qui sera par la suite porté au passif de l'entreprise achetée et qu'elle devra rembourser.

Mille Madoffs (suite)

Nota Bene : Ce message fait suite à Mille Madoffs.
J'ai reçu d'un de mes amis le message suivant, daté du 28 avril :

"De passage tout à l’heure dans le quartier de la Bourse, j’ai vu qu’il se tenait au palais Brongniart un colloque financier. Des costume-cravate anglo-saxons entraient et sortaient, certains allant boire un café ou une bière au « Vaudeville ».

"Ayant mes entrées au palais Brongniart je suis allé voir ce qu’il s’y passait. C’était "EuroHedge Summit 2009", congrès des hedge funds européens. A l’intérieur, des stands pour la banque privée suisse, Jersey, l’île de Man, les fiduciaires luxembourgeoises et j’en passe... Il est regrettable que les journalistes n'aient pas été invités ni même autorisés : j'imagine l'article que l'EuroHedge Summit aurait inspiré à Libération...


"Conclusion : ce sont les banques qui ont créé les paradis fiscaux et ces paradis fiscaux procurent aux banques des fonds et des commissions, pour une bonne part de leur résultat. Sur ce point le dernier G20 n’a rien changé : il a au contraire renforcé le système."